L'autorité du goût n'admettait aucune exception : pour Karl Lagerfeld, ce qui n'est pas stylé n'a simplement aucune raison d'exister, même dans la plus banale des chambres. Lors d'une conversation confidentielle avec Marc Newson – décortiquée par Cédric Morisset pour AD –, le créateur délivre son verdict sans détour sur l'univers de la chambre à coucher. Ici, pas de demi-mesure ni de fausse modestie : chaque choix que Lagerfeld valide ou bannit est érigé en règle définitive, presque dogmatique, à appliquer sans états d'âme. Prêt à découvrir les commandements coup-de-poing qui faisaient frissonner jusqu’aux designers les plus imbus ?

L'INTERDIT N°1 : Cette couleur était son cauchemar absolu
Karl Lagerfeld n’y allait pas par quatre chemins lorsqu’il lançait : « Je déteste les chambres rouges. On ne peut pas dormir dedans. » Le rouge, selon lui, n’a strictement rien à faire dans l’espace du sommeil ; nulle trace de passion ni d’audace chromatique pour la chambre, point barre !
S’appuyant sans le dire sur des études en psychologie des couleurs, le Kaiser savait que le rouge stimule, excite, fait grimper la tension et… anéantit toute idée de repos. Des analyses avancées montrent que la présence de rouge dans une chambre accélère même le rythme cardiaque et provoque un sentiment de malaise diffus — pas franchement le summum du chic pour s’endormir. Pour Lagerfeld, l’élégance commence par la neutralité implacable : ses propres appartements affichaient invariablement des teintes sobres, noires ou blanches, l’antithèse chromatique des cauchemars saturés.
Point rarement admis : même les nuances « bordeaux chic » étaient pour lui sur la liste noire… Comme quoi le radicalisme a ses vertus quand il s’agit d’avoir du goût (vraiment).
Satin, imprimés : Le 'crime de lèse-majesté' sur un lit selon Karl
Dans l’ordre très personnel de Karl Lagerfeld, deux choses condamnaient instantanément un lit à l’exil du bon goût : les draps imprimés et, pire encore, les draps en satin. Selon lui, glisser dans du satin relève de la sanction : « c’est ignoble, on dérape sur le lit ! ». Impossible de faire plus clair. Oubliez les motifs pseudo-romantiques : chez Karl, ils sont simplement bannis pour « manque d’élégance » – aucune discussion, juste l’exclusion immédiate du cercle du chic.
À l’inverse, ses choix relèvent presque de l’initiation secrète. Le graal absolu ? Les draps d’une blancheur intemporelle, comme ceux du Four Seasons de Milan – une adresse dont il parle à mi-voix tant elle est jalousement gardée. Plus confidentiel encore, il vantait les trésors textiles de Frip’ou Net à Saint-Jean-de-Luz : pas de marques tape-à-l’œil, juste des draps anciens aux fibres d’exception dénichés loin des circuits « designers » mainstream. C’est là que réside le vrai luxe, paraît-il.

Anecdote véridique (et un brin désarmante) : Un assistant aurait, un soir par inattention, installé des taies d’oreillers beige à motifs fleuris dans la suite milanaise de Lagerfeld. Résultat : tout le linge changé au beau milieu de la nuit, scandale à la clé...
Pour ceux qui rêvent d’étendre l’expérience Lagerfeld au-delà du linge, découvrez les plus belles suites d’hôtels dignes de l’icône.
Ses adresses confidentielles pour un sommeil de roi
Si vous imaginez que Karl Lagerfeld passait ses nuits sur des matelas industriels, c’est râté. Il ne transigeait JAMAIS : seul l’artisanat d’exception franchissait la porte de sa chambre. Pour le matelas, l’Atelier des étoffes incarne exactement cette philosophie – fabrication à la main, laine pure sélectionnée dans la tradition, souvent signée par un Meilleur Ouvrier de France. Difficile de faire plus exclusif en 2024 ; c’est presque confidentiel, réservé à une élite qui considère le sommeil comme un art.
Quant aux oreillers (et le détail n’en est pas un), Lagerfeld jurait uniquement par Le Lit National, adresse mythique au 2, place du Trocadéro à Paris. Ici, chaque pièce est fabriquée à la main dans les ateliers historiques. Pas d’oreillers synthétiques ni de gadgets ergonomiques pseudo-innovants : juste une conception rigoureuse, garnissage naturel, et cette notion de confort sans effet superflu.
Ce qui frappe, en fait ? Son luxe n’était jamais ostentatoire. Zéro logo clinquant, aucune trace de tape-à-l’œil : tout résidait dans la qualité palpable, le toucher des matières, le savoir-faire ancestral. Au fond, Lagerfeld imposait cette exigence radicale parce qu’il savait une chose que presque personne n’admet : dans le monde du "bon goût", l’artisanat pur n’a absolument aucune alternative.

Au final, les commandements Lagerfeld sonnent aussi tranchants qu’un verdict tombé : pas de rouge, jamais de draps imprimés ou satin, et toujours l’artisanat d’exception pour matelas et oreillers. Son univers ? Matières nobles, neutralité radicale, confort poussé à l’absurde. Peu importe qu’on adhère ou non : cette radicalité extrême impose le respect et redéfinit la notion même de luxe. Et si vous osiez, vous aussi, transformer votre chambre en manifeste d’élégance silencieuse ? Tout n’est qu’un choix – vraiment sans appel, ici.