Joint de pierre à la chaux : dosage précis, préparation et astuces pro

Par Octave Malterre
DIY & Tutoriels

La dernière fois que j’ai voulu faire simple, mes joints de pierre ont commencé à suinter la honte. Alors je me suis mis à doser correctement. On t’explique.

Réaliser des joints de pierre à la chaux est une méthode durable et polyvalente pour protéger et embellir un mur en pierre. Un joint de qualité repose sur un mortier parfaitement dosé et bien préparé. Voici tout ce qu'il faut savoir pour préparer un mortier de joint comme un professionnel : dosage, méthode, outils, astuces et erreurs à éviter. (Spoiler: le dosage n’est que la partie visible de l’iceberg.)

Dosage précis pour réussir vos joints de pierre à la chaux

Professionnalisme oblige : la dernière fois que j’ai voulu faire simple, j’ai fini avec du mortier digne d’une soupe aux grumeaux — le genre de raté qui ferait s’étouffer un tailleur de pierre. Parlons vrai, ici, c’est pas un concours de poésie.

Proportions de base : chaux aérienne vs chaux hydraulique

Le dosage standard est de 1 volume de chaux (aérienne ou hydraulique NHL 3,5) pour 3 volumes de sable (granulométrie 0/2 ou 0/3 mm). Certains optent pour un ratio de 1:4 si le mur est fragile, mais en général :
- Chaux aérienne (CL90) : parfaite pour les murs anciens peu exposés, elle offre une souplesse inégalée. Mais côté séchage... prévoyez une sieste XXL : c’est long, et l’adhérence avec les pierres dures laisse parfois à désirer. Si t’as pas trois jours devant toi, oublie !
- Chaux hydraulique NHL 3,5 : là, ça sèche plus vite et la résistance mécanique rassure les anxieux du feutrage. Par contre, c’est plus ferme et un brin moins respirant — faut pas être allergique à la solidité.

Avantages/Inconvénients:
- Chaux aérienne :
- + Souplesse et respirabilité
- - Séchage ultra lent, adhère mal sur support dense
- Chaux hydraulique NHL 3,5 :
- + Prise rapide, bonne adhérence
- - Plus rigide, moins tolérante aux mouvements du bâti

Mon niveau à bulle est aussi droit que mes idées après trois cafés, mais là-dessus je lâche rien !

Granulométrie du sable : 0/2 mm ou 0/3 mm ?

Le choix entre sable 0/2 mm et 0/3 mm, c’est pas pour faire joli ! Ça impacte direct la texture ET la tenue des joints. Un sable trop fin = mortier « pâte Play-Doh », trop gros = fissures façon assiette mal lavée.

Critère Sable 0/2 mm Sable 0/3 mm
Finesse joint Très fine Plus rustique
Porosité Faible Moyenne
Flexibilité ++ +
Largeur joint Pour 10 mm

Astuce : plus le joint est large, plus il est conseillé d'utiliser un grain épais. Mais honnêtement… le chat sur le chantier n’a jamais daigné juger mon sable.

Quantité d’eau idéale pour un mortier équilibré

L'eau représente environ 15 à 18 % du volume total chaux+sable. La consistance idéale est celle d'une pâte à modeler compacte : vous devez pouvoir former une boule sans qu'elle coule entre vos doigts. Trop d’eau = joints qui s’affaissent comme mes paupières après le déjeuner; pas assez = mortier friable qui colle aux bottes comme une mauvaise réputation.
Une anecdote ? Un jour j’ai dosé au pif dans l’urgence ; résultat : mortier qui dégoulinait plus vite que mes espoirs en fin de semaine…

Retiens bien: Ajuste toujours l’eau petit à petit – t’en rajouteras jamais trop peu d’un coup !

Seau de mortier à la chaux sur un chantier

Préparation du mortier à la chaux : étapes essentielles

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… j’ai tout balancé dans le seau comme un sauvage. Résultat ? Mortier granuleux, joints qui tiennent à la météo et réputation en chute libre. Si tu veux que ta façade ne ressemble pas à une mosaïque post-apocalyptique, choisis TA chaux, fissa.

Choisir la bonne chaux : aérienne ou NHL 3,5

Ici on rigole pas : le choix de la chaux dépend du mur, du climat… et de ton envie d’avoir un bâti qui respire. Si t’as un mur en pierre apparente d’Île-de-France (ces vieilles beautés mi-argile, mi-calcaire), oublie la précipitation.

  • Chaux aérienne (CL90) : géniale pour les murs ultra-sains et secs. Elle laisse respirer les pierres mais ça sèche lentement, genre plus lent que l’administratif français. Pour des murs poreux exposés nord, c’est niet.
  • Chaux hydraulique NHL 3,5 : LE compromis pour 90% des chantiers pierre. Plus résistante mécaniquement, elle tolère humidité passagère et variations d’humeur climatique. Idéale pour les façades franciliennes où l’hiver tape fort et où un peu de condensation peut traîner.
  • Le vrai critère ? Si tu veux éviter les moisissures entre deux joints foireux, vise la NHL 3,5 pour une façade exposée pluie/froid/humidité modérée.
Ne jamais mélanger chaux aérienne et ciment : là tu crées un monstre inerte qui va étouffer toutes tes pierres.

Tri et tamisage du sable : éviter les cailloux

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… j’ai cru malin d’ignorer le tamis. Bilan : un pavé dans chaque joint – pas top quand tu veux éviter les fissures façon puzzle.

Pour du mortier irréprochable : tamisage obligatoire avec un tamis 0/3 mm ! Un caillou oublié ? Il va s’imposer en force dans la trame du joint, créer une poche d’air ou carrément fissurer le tout à la première gelée. Technique : verse le sable sec sur ton tamis posé au-dessus d’une bassine large, secoue sans mollesse. Tu récupères ainsi une granulométrie uniforme – tes joints seront costauds ET réguliers.

Tamisage du sable pour mortier de chaux

Un seul oubli : un caillou rebelle peut flinguer l’étanchéité ou rendre impossible le lissage final. L’anecdote du jour : déjà vu une rangée complète rejointe tapisser le sol au passage de la brosse juste à cause d’un gravier mal placé…

Outils indispensables pour un chantier réussi

La dernière fois que j'ai voulu faire simple... j'ai essayé de gâcher 40 litres de mortier à la main dans une auge plastique minuscule — j'ai failli finir chez le kiné !
- Bétonnière : Pas négociable pour plus de deux seaux de mélange. Prend-la petite si t’es amateur ; pro = 160L mini sinon c’est la galère.
- Taloche : Pour lisser sans trop réfléchir — indispensable si tu veux éviter les mamelons disgracieux sur ta façade.
- Masque antipoussière & lunettes : La chaux attaque les bronches autant que tes idées reçues ; protège-toi sous peine de mouchages apocalyptiques pendant trois jours.
- Gants épais : Ou finis comme moi avec des mains dignes d’un vieux parchemin moisi après trois journées sans.
- Burineur & compresseur (pour décrasser ou piquer avant rejointoiement) : certains te diront que c’est gadget… mais t’économises deux heures par mètre carré quand t’es bien équipé ! Anecdote ? J’ai déjà vu un chantier stoppé net parce qu’un compresseur récalcitrant refusait de démarrer – quinze gars autour à boire des cafés : super rentable…

À cette étape-là y’a zéro place pour l’approximation : outille-toi comme il faut ou prépare-toi à multiplier les jurons !

Pose et finition des joints de pierre : méthodes et astuces

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… j’ai tiré comme un sagouin — piquage et préparation du support

Ne jamais croire qu’un vieux mur tolère l’à-peu-près. Premier round : dégrader les anciens joints jusqu’à au moins 2 à 3 cm de profondeur (voire plus sur façade antique — règle non écrite : si tu vois encore du mortier friable, t’as pas fini). Oublie la mini-spatule : le burineur, c’est ton meilleur pote pour gagner du temps, surtout sur pierre dure ou enduits cimentés à la va-vite. Nettoyage ? Air comprimé obligatoire pour dégager tous les éclats et poussières, sinon ta chaux adhèrera comme une promesse électorale. Brossage final à la brosse métallique, sans compter tes tours — c’est là que tu gagnes la longévité du joint. Anecdote bien réelle : une façade ignorée dix ans, piquée en 45 minutes… a résisté deux hivers grâce à ce brossage maniaque.

Techniques de pose : poche à douille et pistolet à crépir

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… je voulais remplir les joints au couteau : résultat, chantier interminable et bras en compote.

  • Poche à douille : Mortier ni trop liquide ni compact (texture pâte dentifrice épaisse). On garnit la poche puis on injecte
    à ras le fond du joint, buse inclinée à 45°, remontée progressive. Idéal pour murs en pierres irrégulières ou petits raccords. Les pros savent : bourrer trop vite = bulles d’air garanties !
  • Pistolet à crépite : L’arme anti-crampe pour vastes surfaces. On projette le mortier dans les joints (après avoir protégé tout autour, sinon bonjour la galère au nettoyage). L’astuce ? Régler le gicleur pour que ça n’éclabousse pas plus que ta réputation après un apéro de chantier raté.

Application d'un joint de pierre à la chaux avec une poche à douille

Lissage, talochage, brossage : étapes finales

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… je pensais qu’un coup d’éponge suffisait. Résultat : façade façon aquarium trouble.

Lissage : Attends que le joint tire (20 min – 1h selon météo), puis passe une taloche mousse légèrement humidifiée sans appuyer — mouvements circulaires courts. Si ça arrache tout, t’es trop pressé ; si ça farine, t’es trop tard !

Brossage : Quand le mortier est juste mat (ni brillant ni collant), passe une brosse chiendent — verticale ou circulaire selon rendu souhaité. Pour les puristes : termine au fer à joint pour marquer proprement chaque bordure.

Et l’avis du chat ? Il se fiche des normes DTU… mais il viendra dormir pile sur LE joint trop mou.

Astuce qui vaut son pesant de croquettes : n’essaye jamais de finir un mur complet sans observer chaque phase de séchage – même les félins du quartier te jugeront !

Séchage, entretien et erreurs à éviter

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… j’ai laissé sécher en plein orage — conditions idéales de séchage

Le genre d’idée à la con dont je me souviens encore quand je vois mes joints fissurés. Un séchage de qualité, ça ne se joue pas à pile ou face avec la météo :
- Température idéale : entre 8°C et 20°C, hors gel, jamais en plein cagnard ni nuit polaire.
- Hygrométrie : un air modérément humide (60-80%) évite les chocs thermiques. Trop sec, le joint tire trop vite ; trop humide, il verdit ou ramollit.
- Protection : bâche légère ou voile anti-pluie mais jamais hermétique — on ne fait pas d’aquarium ! Par temps sec, une micro-brumisation à l’eau claire suffit pour ralentir la prise. Le but du jeu ? Laisser le temps aux cristaux de chaux de papoter entre eux pour assurer la longévité du joint.

Attention à ne pas accélérer le séchage avec du chauffage excessif

Mur en pierre rejointoyé protégé par une bâche

Retouches faciles et comment repérer un joint qui s’effrite

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… j’ai laissé les joints s’effriter façon biscotte oubliée. Pour repérer un joint défaillant : passe le doigt — si ça part en poudre ou en sable, c’est pas bon signe ! Visuellement, cherche tout ce qui blanchit à l’excès ou change de texture par rapport au reste du mur. Un bon joint doit être solide sous l’ongle, sans poussière qui s’envole.

Pour rafistoler :
- Creuse délicatement le mortier friable sur 2-3 cm (au tournevis plat si t’es minutieux).
- Brosse à fond pour virer toute trace de poussière.
- Réinjecte un mortier frais (même recette) en bourrant bien jusqu’au fond du joint.
Rapide ? Pas vraiment. Efficace ? Toujours mieux qu’un cache-misère — là aussi le chat validera ou pas…

Problèmes d’humidité et solutions adaptées à la chaux

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… j’ai cru qu’un coup de peinture réglerait tout. Erreur fatale ! L’humidité dans les murs de pierre vient souvent des remontées capillaires (l’eau qui remonte depuis le sol), ou pire, d’une condensation continue parce qu’on a tout bloqué derrière un enduit étanche.

Les vraies solutions :
- Badigeon ou enduit à la chaux pure : laisse respirer la pierre au lieu d’étouffer comme sous plastique bon marché.
- Réparer les fuites (toiture/joints défectueux) avant même de parler déco ; sinon c’est re-belote chaque hiver.
- Si présence chronique d’eau : drainage périphérique obligatoire ou injection de barrière hydrophobe (en dernier recours).

Pour chaque façade qui sent « la cave oubliée », commence par virer tous les revêtements étanches et remplace par un enduit chaux-sable — sinon tu joues au hamster dans la roue des problèmes d’humidité.

Récapitulatif et conseils pratiques

La dernière fois que j’ai voulu faire simple… j’ai résumé ça comme un tuto de brico pour enfants. Mais faut pas pousser, le joint de pierre à la chaux, ça se mérite :

Checklist du chantier qui ne finit pas en cata :

  • Dosage : 1 chaux / 3 sable, tu chipotes pas – choisis entre aérienne (patience) ou hydraulique (rassure les stressés)
  • Préparation : tamisage du sable, outillage complet (bétonnière ou t’as mal au dos), gants sinon mains mortes
  • Pose : joints creusés proprement, poche à douille ou pistolet (selon si tu veux des bras de bodybuilder ou pas)
  • Finition : lissage et brossage pile au bon moment, sinon tu rates tout (et le chat rit sous cape)
  • Séchage : ni orage ni canicule, surveille comme le lait sur le feu ; retouches toujours nickel avant que ça s’effrite

« Le chat a inspecté mon joint : note zéro, mais au moins il n’a pas vomi dessus. »

Bricolé à la main avec 💪